LE DROIT A L'ENDROIT - le monde à l'endroit

Maison d'éditions pour la vulgarisation des publications sur la Jurisfrancité et l'Afrocentricité.

L'ELITE ET LES LUTTES

Professeur Alphonse NDJATE OMANYONDO N'KOY***

 

Le temps ne se prête ni aux humours scrabreux ni au philosophisme soporifique mais bien à la production des idées et des actions à impact visible portant sur la défense de l'idée même du vivre ensemble congolais dans un espace géographique solidement protégé dans ses frontières au sein d'une Afrique réveillée et unie. C'est la lutte prioritaire de l'élite africaine, en général, et congolaise, en particulier.

Cette optique nous a conduit à décortiquer les relations de l'Afrique avec certains de ses partenaires historiques sous le prisme de la théorie de "l'Etsrade et le Banc". Et le rôle de l'élite africaine, porteuse de lumière, est de baliser et tracer le chemin de la reconquête immédiate de l'Estrade par les Africains.

Le Congo-Kinshasa se prépare à passer son troisième cycle des élections de la troisième République dans un contexte particulier marqué surtout par l'inexistence de l'Etat dans certaines parties de son territoire. A cela s'ajoutent des veilleités ataviques entretenues par des discours irresponsables de certains acteurs politiques alimentant la haine et la méfiance intercommunautaires. Tous les ingrédients pouvant conduire à l'impasse sont réunis à moins que l'élite se réveille, comme nous le faisons, pour conjurer ce mauvais sort qui se pointe à l'horizon. Quelle peut être notre contribution ?

 

1. Remettre l'Etat à l'endroit

La présence efficiente de l'Etat devrait se traduire par la qualité de ses agents de l'ordre censés l'incarner. La Police nationale congolaise (PNC) dans sa configuration actuelle est une négation de l'Etat. La qualité des infrastructures mises à leur disposition font d'eux la risée du monde. Des taudis servent des commissariats en lieu et place d'un programme immobilier ambitieux pour la construction des sièges des commissariats tant urbains que ruraux.

Les moyens de déplacement inexistants ou totalement inadaptés aux défis routiers du pays les rendents ridicules dans leurs interventions.

Le programme immobilier pénitentiaire s'est estompé à l'accession du pays à l'indépendance. Aucune nouvelle prison construite alors que la population carcérale ne fait que s'accroitre. Les prisons héritées n'ont fait l'objet d'aucune forme de réhabilitation ou de maintien à l'état standard.

 

2. Gendarmerie et renseignement

La suppression de la Gendarmerie au Congo fut une catastrophe aux dégâts inconmensurables à impact flagrant à ce jour. Nous l'avions déjà dénoncé dans notre ouvrage (Gendarmerie et reconstruction d'un Etat de droit au Congo-Kinshasa, 2017).

Le maillage territorial en matière de renseignement et de consolidation de l'unité nationale tel qu'il fut tissé par la Gendarmerie nationale fut le socle de  l'efficacité et de la longévité de la deuxième République marqué par l'omniprésence de l'Etat.

Le démantelement de  cette force mi-civile mi-militaire héritée du modèle français a déclenché le processus de désintégration accélérée de l'unité nationale et surtout l'affaiblissiement de nos forces de défense et de sécurité. 
La restructuration de la chaine d'alimentation de nos services en renseignement fiable doit redevenir la priorité des priorités. L'ANR et le RM devraient disposer d'un budget colossal les permettant de recruter les meilleures de intelligences nationales, de développer des centres de recherches stratégiques de haut niveau et d'initier même le développement des industries de défense et de sécurité.

A défaut de restaurer la gendarmerie nationale, la création d'une force de type gendarmique au Congo devient un impératif de survie nationale. Cette nouvelle force constituera une moule de conditionnement civique de la jeunesse congolaise pour la défense nationale.Cette même structure servira de point de chute pour les agents de renseignement en retraite pour l'encadrement de la jeunesse pendant leur période de transition.

Il est temps de se réveiller et d'offrir à ce pays une alternance crédible au niveau de nos forces de défense et de sécurité. Quant aux élections à venir, seul le peuple souverain fera le choix de la continuité ou de l'alternance.

Que le meilleur gagne mais que le Congo demeure un et indivisible !

----------------------------------

*** Alphonse NDJATE est Docteur en Droit et Diplômé en Criminalistique de l'Université René-Descartes-Paris V. Actuellement il est Professeur de droit et Vice-doyen de la Faculté de droit chargé de la Recherche à l'Université pédagogique nationale. Il est Ecrivain et Editeur-Directeur des Editions L'Estrade.